Reboisement et Résilience des Femmes Burkinabés : L’Engagement Ciblé de Farida Bonkoungou

Le berceau de l’humanité est confronté à des défis environnementaux majeurs accélérés par le changement climatique. Pour y faire face, cette génération espoir qui semble être la dernière à pouvoir changer le cours de l’histoire climatique s’arment d’initiatives pour une nouvelle ère de résilience et d’adaptation.  Depuis octobre, votre rubrique ON PARLE D’2 vous fait découvrir ces jeunes francophones qui dans divers domaines, luttent à réduire les aléas climatiques et à mettre sur table, une possibilité d’avenir durable en Afrique. Leur histoire et projets méritent d’être mis en lumière et pour ce mois, nous racontons l’histoire climatique africaine à travers l’engagement de la jeune burkinabé Farida Bonkoungou

Jeune portes étendard de la lutte pour le changement climatique

Farida Bonkoungou en activité de reboissement

Née le 14 juillet et ayant grandi à Ouagadougou, au Burkina Faso, Wendpanga Safiatou Farida Bonkoungou fait partie de ces acteurs du climat qui ont eu à prendre conscience des défis environnementaux auxquels leurs pays font face dès leurs jeunes âges. À 13 ans, elle a amorcé son engagement en rejoignant l’organisation Jeunesse Unie pour un Développement Durable au Burkina-Faso (JUDEVD). Ceci dans le but de participer à l’Opération Zéro Surface Désertique. JUDEVD est une organisation de jeunesse à caractère internationale, qui a pour but de contribuer au développement durable des pays de l’Afrique subsaharienne à travers la réalisation des projets de développement, en initiant des activités qui visent à dynamiser les jeunes et les femmes en vue du renforcement des initiatives dans la lutte contre les effets néfastes du changement climatique, de l’extrémisme violent et du renforcement du développement local. Membre active de l’association JUDEVD, Farida Bonkoungou participe à des activités de reboisement, d’éducation environnemental, de sensibilisation communautaire, des sessions de travaux sur l’amélioration des politiques environnementales. Et elle organise en tant que responsable « Genre et lutte contre le changement climatique », des formations portant sur les techniques d’adaptation, le droit au financement climatiques, les techniques de plantation ainsi que l’agroforesterie orientée vers les jeunes filles et femmes du Burkina.

Elle est cofondatrice de « Fridays For Future » au Burkina Faso, un mouvement mondial lancé par l’activiste suédoise Greta Thunberg en 2018 qui vise à sensibiliser sur l’urgence climatique et à encourager des actions concrètes pour lutter contre le changement climatique. Elle a, à son actif, plus de 500 arbres plantés dans des zones urbaines ; ce qui pour elle, représente un effort constant pour l’atténuation des effets de l’avancée des déserts et la promotion d’un environnement plus vert et résilient.

Animatrice de conférences lors desquelles les réalités africaines et burkinabè sont relatées, à chaque fois qu’elle en a l’occasion, elle n’hésite pas à partager ses expériences et l’impact de L’opération #zérosurfacedésertique ainsi que son engagement au sein de sa communauté. Elle a également pu susciter un engagement climat auprès des centaines de jeunes, que ce soit grâce à ses participations aux activités et plaidoyers avec des jeunes acteurs du climat auprès des autorités locales et coutumières qui apportent des solutions et contributions à de nombreux défis locaux ou à travers les réseaux sociaux.

♯Zerosurfacedesertique

L’opération ♯Zerosurfacedesertique, partant de l’objectif de reverdir le sahel grâce à un reboisement massif durant 10 jours, s’agrandit depuis 2006 et rassemble chaque année, plus d’une centaine de jeunes activistes climatiques venant de différents pays d’Afrique. Ce projet a permis de reboiser plus de 147 000 arbres sur tout le territoire burkinabè, contribuant ainsi à la capture de dioxyde de carbone et à la restauration des écosystèmes. Bien que les données précises sur la quantité de CO2 captée ne soient pas disponibles, des études de retour ont montré un taux de réussite de 80 % et des résultats tangibles tels que l’augmentation de la pluviométrie et la revitalisation des zones désertiques. Ce projet phare de JUDVED vient à point dans un moment où nos forets perdent leur valeur au détriment de la décentralisation non écologique.

Cette année, elle se tiendra du 1er au 12 août 2024 à Tenkodogo et réunira des jeunes des treize régions du Burkina Faso et des pays de l’Afrique subsaharienne pour reboiser, partager des expériences sur les initiatives exemplaires dans la lutte contre la dessertification et la dégradation des terres. Chaque édition aborde un thème spécifique pour attirer l’attention sur des préoccupations environnementales et climatiques actuelles et celle-ci sera centrée sur les pratiques agro-sylvo-pastorales adaptées aux défis cimatiques en Afrique.

ELLE NOUS RÉPOND

Pourquoi êtes-vous orienté vers le reboisement et le rapport entre le changement climatique genre ?

Cette passion de reverdir mon pays a été réveillé par les récits de ma grand-mère. Elle m’a fait prendre conscience des changements environnementaux survenus au fil des temps. Il fit une époque où elle cultivait le sol avec mon feu grand-père pour subvenir aux besoins de la famille. « Elle me racontait lorsqu’elle vivait avec nous, comment à son époque la nature était généreuse. À cette époque, les semences produisaient de bonnes récoltes agricoles, ce qui répondait en partie à la demande de la population. Les vivres étaient accessibles pour toutes les couches populaires et on entendait moins parler de malnutrition ou d’insuffisance alimentaire, car le prix des denrées était à moindre coût par rapport à aujourd’hui où nous constatons une hausse des prix de certains produits de première nécessité. Elle me relatait la présence de plusieurs races animales que l’on pouvait facilement voir à proximité des champs (sans besoin de se rendre au parc comme de nos jours) car ces animaux abondaient. Sans le dire par ces mots, ma grande mère me fit comprendre que toutes ces modifications étaient liées aux changements climatiques, bien qu’à cette époque j’ignorais l’existence du mot « changement climatique ». Cette inspiration qu’elle a fait naître en moi perdure jusqu’aujourd’hui ». Mais auusi, en débutant mon militantisme, j’ai travaillé avec plusieurs experts qui considéraient tous la question de reforestation comme une solution basée sur la nature. Je suis également convaincue du rôle crucial de certains groupes comme celui des femmes dans la lutte pour un avenir durable, d’autant plus qu’elles sont beaucoup touchées avec les facteurs sociaux, culturels et économiques. Ce pour quoi, je participe et oriente mes activités vers ces domaines.

Une personne qui vous influence dans ce choix de parcours de jeunes engagés pour le climat

Serge Camille Ountany Lankoandé, président de l’association JUDEVD reste est un africain engagé qui inspire plus d’un dans mon pays grace à ses actions de terrain et son amour pour l’environnement. Si nous parlons aujourd’hui de ♯Zerosufacedesertique, c’est parce qu’il n’a jamais cessé de croire en une transition : au reverdissement du sahel. Il a su tenir depuis 18 ans et continue de parcourir les villes du sahel pour redonner un couvert végetal aux zones accessibles.

L‘histoire climatique africain selon vous !

L’Afrique possède une histoire riche et inspirante, y compris dans le domaine climatique. Nos ancêtres, bien que moins éduqués formellement, maîtrisaient la gestion environnementale et climatique quoi que l’on dise. Et Depuis plusieurs années, des changements climatiques significatifs sont perceptibles partout dans le monde, affectant chaque continent et chaque pays, soulignant notre interdépendance globale peu importe la distance.

Je constate que les jeunes africains prennent de plus en plus conscience de leur responsabilité dans le développement durable, même si leur voix n’est pas toujours entendue. Beaucoup s’engagent pour restaurer la nature, bien que certains restent inconscients des menaces pesant sur leur habitat et leur vie car à  travers mes actions, j’ai souvent été interrogée sur les bénéfices de mon engagement, ce qui montre les limites de la compréhension de l’urgence climatique dans nos régions. Malgré tout, je suis optimiste. Les milliers de jeunes qui luttent pour la justice climatique en Afrique et un monde durable me donnent confiance que nous y parviendrons et que nos actions actuelles porteront leurs fruits, bien encore meilleurs puisqu’elles sont motivées par l’espoir que les générations futures vivront mieux.

L’histoire climatique de l’Afrique est donc pour moi, une histoire de résilience tiré de ces nombreux défis scientifiques, politiques et economiques. Cette histoire reste aujourd’hui la mienne et celle de milliers de jeunes africains car partour sur le continent, tout comme moi, plusieurs s’impliquent dans des initiatives de reboisement, de
renforcement de la résilience des femmes face aux changements climatiques, de sensibilisation, de recherches, d’innovation, de restauration et de propositions de politique climatique stratégique. Et elle sera une histoire de futur verte, ce pourquoi nous agissions.

Aux lecteurs !

Ce que vous faites laisse un impact et vous devez décider du type d’impact que vous souhaiteriez laisser. Un monde dans lequel des habitants prennent conscience de l’urgence climatique et se réunissent pour réduire leur empreinte carbone OU une planète presque sans vie aux générations futures, cela reste toujours votre choix. Ne trouvons plus d’excuses, ne limitons plus ce que nous voyons aux punitions divines, mais levons-nous et gardons ce jardin, il n’y en a pas d’autres comme celui-ci sur une autre planète. Que cela soit en agriculture, en énergie, en transport, en recherche, en économie… que chacun laisse l’impact désiré dans son domaine et que ceux qui ont la capacité et sont désignés de le faire, soutiennent ces initiatives.

Nous découvrons à travers le parcours de la burkinabé Wendpanga Safiatou Farida Bonkoungou, la détermination et le dynamisme dont peuvent faire preuve très tôt les jeunes africains dans la lutte contre le changement climatique. « Agir ensemble, maintenant et continuellement » reste à l’ordre du jour face à son engagement continu et à sa vision d’un Burkina Faso plus vert et des femmes africaines résilientes et adaptées aux aléas climatiques. L’Afrique, c’est aussi cette jeunesse qui peint son histoire et celle des générations futures avec le reboisement et l’adaptation sur cette toile aux couleurs opaques – climat.

Cet article a été écrit dans le cadre du programme Climate Hub financé par Africa No Fliter en partenariat avec la Fondation Mastercard.

Andrea Magnon

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5 réponses

  1. Pour parler de motivation et d’engagement pour l’environnement et la lutte contre les changements climatiques, moi je témoigne de son engagement inébranlable. Courage à Farida pour la suite.

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L'AUTEURE
Andréa MAGNON

Rédactrice web sur les questions climatiques et l’action des jeunes.

PUPLICITÉ