L’avenir marqué par une transition énergétique en Afrique: L’engagement du burkinabè Dimitri TIENTEGA qui y croit.

Les changements globaux restent un défi planétaire touchant chaque coin de la planète. En Afrique, nous continuons par voir, suivre et soutenir cette génération éveillée et sonnant l’alarme. Leur projets et engagements représentent l’espoir d’un avenir plus résilient et durable pour le continent. Parmi ces jeunes, Dimitri trace une voie cruciale dans un secteur majeur pour le développement et l’impact climatique : l’énergie. Dans cette parution de décembre, nous mettons en exergue son engagement à contribuer à un continent précurseur dans le domaine de l’énergie renouvelable : Nous parlons de Dimitri Tientega.

La genèse d’un leader dans le secteur énergétique

Le jeune activiste originaire de la cité des Cavaliers Rouges au Burkina Faso a commencé son parcours éducatif à l’école primaire de Datomo, située dans la Boucle du Mouhoun, où son père était en poste. Ce fut le point de départ d’un cheminement d’excellence et d’initiatives. Suite à l’affectation de son père et malgré son ambition d’intégrer le Prytanée Militaire, Dimitri s’est retrouvé dans plusieurs villes comme Kaya puis à Koudougou pour poursuivre ses études et obtient en 2018, son baccalauréat. 

Bien que tenté par une bourse d’études pour le Japon et son orientation à la faculté de médecine, il a opté pour une formation en ingénierie des Technologies Solaires Appliquées (TSA) guidé par sa passion pour les énergies renouvelables et s’est installé à Ouagadougou pour sa formation. Son parcours éducatif parsemé de responsabilité, de distinctions et des participations à plusieurs concours (major de classe, trésorier général du bureau ; premier prix des Circonscriptions de l’Éducation de Base de Sabou 1 et 2 ; les Joutes Verbales Scolaires et Universitaires ; le Championnat National de Débats et d’Art Oratoire… ) ont façonné un universitaire capable de s’exprimer et d’agir activement vis-à-vis de sa décision de s’impliquer dans la communauté et dans la lutte contre le changement climatique.

 Très vite remarqué par la pertinence de ses propositions et actions dans l’association des étudiants en TSA, le leadership de Dimitri a pris une nouvelle dimension avec son initiative « Débats Énergétiques ». Ce concours sous forme de simulation parlementaire avait pour objectif d’encourager les pratiques énergétiques durables, d’éduquer et sensibiliser le public sur la transition énergétique en Afrique tout en améliorant les compétences en expression orale de ses camarades. Une année plus tard, l’initiative a suscité l’intérêt d’autres écoles et poussa ainsi Dimitri à créer l’Association des Jeunes Acteurs de l’Énergie (JAE), qui a pris le relais pour porter l’initiative. Au sein de cette association, ils ont réalisé qu’ils avaient une opportunité significative de contribuer aux objectifs de développement durable en formant, accompagnant et soutenant les jeunes pour jouer un rôle clé dans la transition énergétique et écologique. 

Sous la direction de Dimitri, l’association JAE a organisé des camps vacances éducatifs aux métiers des énergies renouvelables, une table ronde internationale des acteurs de l’énergie et le forum national des jeunes acteurs de l’énergie au Burkina-Faso… Ils ont également eu à signer plusieurs accords de partenariat avec des entreprises, des organisations non gouvernementales et des agences gouvernementales, preuve que des jeunes déterminés et compétents dans leur domaine peuvent mobiliser des ressources pour promouvoir des solutions durables en Afrique. Il a par ailleurs travaillé sur plusieurs projets visant à favoriser l’accès à une énergie durable et à l’eau potable, à lutter contre le changement climatique et à plaider en faveur de la transition énergétique au Burkina-Faso. Ce dynamisme a valu à JAE le deuxième prix de la meilleure initiative de développement dans le secteur de l’énergie solaire en 2021 au Burkina-Faso (décerné par l’Agence nationale des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique). La même année, Dimitri s’est lancé dans l’entrepreneuriat aux côtés d’un ami proche. Ensemble, ils ont fondé PIC ENERGIE SARL, une entreprise offrant des solutions et des services énergétiques aux communautés rurales et urbaines. Point focal d’Ecolotrip (réseau de jeunes activistes climats et entrepreneurs verts francophones), Dimitri fait partie de ces jeunes qui ont assuré, dans leur différent pays, la coordination du programme jeune voix francophone, un projet soutenu par l’Organisation Internationale de la Francophonie.

En décembre 2021, son engagement pour le climat a été reconnu et il a été désigné Jeune Voix du Sahel dans le cadre du programme régional des Jeunes Champions du Climat de l’UNICEF. Plus tard, il a été nommé Jeune Ministre de l’Énergie auprès du Gouvernement Jeunesse Burkina. Après sa première participation à la Conférence des Parties sur le Climat en 2022 avec son organisation, Dimitri a été désigné négociateur junior chargé de renforcer la délégation officielle pour défendre les intérêts du Burkina Faso à la COP28 à Dubaï qui s’est déroulée du 30 novembre au 12 décembre 2023.

Dimitri a reçu plusieurs prix et distinctions et bénéficié de plusieurs bourses et programmes comme l’Afrik De Demain d’Ocean’s News, African Fellowship for Young Energy Leaders, ProGreen, Student Energy Fellowship qui lui permettent de se former constamment en tant qu’entrepreneur vert et activiste climat, spécialisé sur les questions d’énergies renouvelables.

Au-delà de son engagement associatif et entrepreneurial, Dimitri a commencé sa carrière professionnelle à l’international en janvier 2022, au sein de la Direction des Relations Internationales de la ville de Grenoble grâce à un programme de volontariat, avant de rejoindre l’ONG GERES en mars 2023 en tant que chargé de missions pour le Burkina-Faso et le Niger dans le cadre du projet Bois Energie Sahe

L’un de ses premiers pas pour un avenir Énergétique Durable et Responsable : Les Débats Energétiques

L’accès durable des populations aux énergies renouvelables est une condition essentielle pour parvenir à la transition énergétique. Cela nécessite un engagement et une mutualisation des efforts à tous les niveaux. C’est pourquoi depuis 2019, l’association des Jeunes Acteurs de l’Énergie, a décidé de joindre l’utile à l’agréable avec l’initiative « Débats Énergétiques », l’un des plus grands événements dans le secteur de l’énergie au Burkina Faso. Au-delà de la formation de jeunes ambassadeurs et de futurs négociateurs climatiques, les Débats Énergétiques créent des opportunités de connexion entre les jeunes, forment des leaders et facilitent l’accès à des emplois décents. C’est un cadre d’information et de sensibilisation du grand public sur des thèmes d’intérêt pour le Burkina-Faso. Les recommandations issues de ces sessions sont soumises aux autorités et aux partenaires. Cela sert également de base pour des plaidoyers lors des sommets et réunions de haut niveau. De 2019 à 2023, 284 jeunes ont été formés, plus de 10 000 personnes mobilisées et impactées, plus de 20 opportunités de stage et d’emploi pour les participants avec 08 mobilités internationales. (Extrait du discours du Directeur Exécutif au lancement 2023.)

L’édition 2023 des Débats Énergétiques a été une plateforme révolutionnaire, mobilisant 19 équipes universitaires et associatives à travers le Burkina Faso pour débattre et trouver des solutions aux défis énergétiques actuels. Cet événement a apporté une contribution significative au défi du siècle en se concentrant particulièrement sur le rôle crucial des énergies renouvelables et du digital dans l’autonomisation des jeunes et des femmes en milieu rural. À travers des débats, les équipes ont abordé des questions cruciales, comme l’accès à l’énergie, l’autonomisation des femmes, la transition énergétique et les technologies de cuisson propres.

Les résultats de ces échanges depuis le début de l’initiative sont porteurs et amènent une prise de conscience au sein de la vie universitaire. Les résultats escomptés à long terme incluent la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’amélioration de la qualité de vie dans les régions rurales, une plus grande inclusion des femmes dans les initiatives énergétiques et un engagement renforcé en faveur des énergies renouvelables.

Il nous répond :

Que signifie l’activisme climat pour vous ?

Je me suis engagé dans la lutte contre le changement climatique en raison de ma formation de base, qui peut et participe à sauver le climat. Mais aujourd’hui, j’y ajoute ma volonté de susciter l’émergence d’une génération de jeunes leaders conscients des enjeux énergétiques et environnementaux et qui œuvrent pour un monde à bas carbone. Et je considère mon activisme comme un acte altruiste qui vise à participer avec mes compétences et mes compréhensions de la situation à la réduction des émissions de gaz à effet de serre avec une transition énergétique fiable, propre et durable.

Quel a été votre participation à la COP 28 ?

J’ai participé à la COP28 en tant que jeune Délégué et négociateur junior du Burkina Faso, suivi le processus de négociation sur les questions d’atténuation avec mon mentor. En marge de cela, avec 3 autres membres de JAE ayant pris part à la COP, nous avons organisé deux side évent pour présenter les résultats de la contribution de la jeunesse Burkinabè à la réussite de la transition énergétique ainsi que d’une restitution des résultats du forum national des jeunes acteurs de l’énergie. À cet effet, nous avons réussi à mettre en avant la nécessité de prendre en compte la vulgarisation des technologies de cuisson propres dans les perspectives de la transition énergétique. Nous espérons voir ces prises en compte dans l’approche de la vulgarisation de l’énergie renouvelable en Afrique de l’ouest d’ici la COP prochaine.

Aussi, avec l’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable et la région Wallonne, j’ai pu présenter les réalisations et le travail que mon organisation mène au Burkina Faso et dans la sous-région lors de la présentation de l’atlas des compétences francophones dans le secteur des énergies renouvelables. 

Sources d'inspiration

À chaque fois que je pense « projet énergétique », je pense au Docteur Lassina ZERBO, ancien premier ministre du Burkina Faso. Sa carrière internationale en lien avec le secteur énergétique est très inspirante. Je trouve également le leadership que dépolit l’artiste A’salfo pour maintenir son équipe soudée et engagée depuis leur début, très impressionnant. Que cela soit dans mon engagement pour la transition énergétique ou dans plusieurs domaines, maintenir une équipe avec laquelle on, partage la même vision est primordiale.

Quel est votre part des faits sur les réalités climatiques africaine ?

La réalité climatique en Afrique est complexe et comporte des défis uniques qui méritent une attention particulière. Ces défis sont entre autres la vulnérabilité accumulée, l’injustice climatique, des solutions climatiques non adaptées… Au-delà de ces points, il existe des initiatives positives réelles et présentes qui aujourd’hui font voir que de nombreux pays africains ont entrepris des actions significatives pour faire face aux défis climatiques. C’est l’exemple de l’initiative des énergies renouvelables en Afrique (AREI) qui vise à promouvoir les énergies renouvelables sur le continent. C’est aussi un aspect qui doit attirer l’attention médiatique internationale et c’est bien louable le rôle des organisations, des chercheurs et des militants travaillant à mettre en lumière ces questions et à sensibiliser le public mondial aux défis spécifiques de l’Afrique en matière du climat. En ce qui concerne l’avenir, l’Afrique s’en sortira en adoptant des politiques climatiques efficaces, en investissant dans des solutions durables et en renforçant la résilience de ses communautés. J’y crois, ce pourquoi je m’implique. Et bien évidement, cela nécessitera la continuité des sensibilisations, des financements, une coopération régionale et internationale. Les jeunes militants, les gouvernements locaux, les ONG et la communauté internationale peuvent tous jouer un rôle essentiel dans la réalisation de cette vision. La lutte contre le changement climatique en Afrique est un défi majeur, mais elle est aussi une opportunité de créer un avenir plus durable et résilient pour le continent et le monde.

Un mot pour nos lecteurs et les décideurs politiques

Si nous rêvons d’un monde où nous pouvons exploiter pleinement les sources d’énergies renouvelables pour le développement des secteurs de développement à toutes les échelles, c’est à nous de le construire et de bien le faire. Nous, la jeunesse, sommes le pilier fondamental, représentant l’avenir et le devenir de nos nations et institutions. Nous devons avoir la possibilité de contribuer activement à la lutte contre les changements climatiques en apportant des perspectives dans nos différents secteurs pour façonner un avenir énergétique plus durable. Notre voix compte et les décideurs locaux et nationaux doivent le reconnaître sans oublier de mettre en place, des politiques environnementales et d’investissements plus solides dans les énergies renouvelables en Afrique.

Dimitri est un jeune entrepreneur vert et militant burkinabè qui à travers sa passion pour l’énergie répond présent sur des projets climatiques, sensibilise et encourage les jeunes de sa génération à façonner un avenir moderne et respectueux de l’environnement à travers la promotion des énergies renouvelables. Ses actions ont eu un effet catalyseur sur la jeunesse burkinabè que l’on voit de nos jours de plus en plus sur la scène climatique. 

Il se positionne aujourd’hui comme un acteur inspirant, engagé et animé par la passion de contribuer à la construction d’un avenir énergétique durable et responsable au sein de la sphère climatique de la sous-région. Son histoire est un rappel puissant sur l’importance de travailler ensemble, transcendant les frontières et les secteurs, pour lutter contre le changement climatique.

Un avenir avec une transition énergétique propre et durable pour l’Afrique est réalisable, Dimitri Tientega fait partie de ces jeunes qui tracent le chemin.

Cet article a été rédigé dans le cadre du programme « Africa No Fliter Climats Hub » subventionné par Africa No Fliter en partenariat avec la fondation Mastercard.

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