JVE International, une puissance verte panafricaine portée par et pour sa jeunesse

Et si l’Afrique francophone n’était pas seulement une partie du berceau de l’humanité où l’on dit que « les choses ne vont pas assez vite » mais plutôt un territoire de possibles ? L’avez-vous déjà envisagé ? Vraiment ?

Cher.e.s lecteur.rice.s, votre blog Parlons2 fait son retour avec un tout nouveau bébé : « Visage des Possibilités ». Pourquoi ce nouveau-né ? Et pourquoi il porte un regard ancré sur une Afrique francophone où tout devient possible ? Nous vous le dirons, et mieux encore : vous le vivrez. À travers une série d’articles et de vidéos qui explorent les regroupements audacieux nés en Afrique francophone, nous vous racontons des chemins, des rêves, des impacts. Et pour ce premier numéro d’article, nous allons au-delà des chiffres impressionnants et vous présente l’ONG JVE INTERNATIONAL (Jeunes Volontaires pour l’Environnement), une force verte, qui depuis Lomé, redessine l’avenir durable de l’Afrique et au-delà.

Genèse d’une révolution écologique

L’occasion s’est créée lorsqu’en novembre 2001, Sena Alouka et quelques étudiants togolais se sont réunis pour poser les bases de Jeunes Volontaires pour l’Environnement. Cette décision etait prise en raison d’une urgence : au Togo, la dégradation des terres atteint un seuil critique, avec 70 % des sols agricoles affectés par les feux de végétation, l’érosion et une déforestation intense (4,5 % de perte annuelle de couverture forestière à l’époque, selon la FAO Portail de connaissances ::Accueil ; Profils de pays de la FAO: Togo  | Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Leur ambition initiale est simple mais audacieuse : sensibiliser la jeunesse et promouvoir des pratiques durables pour inverser cette tendance. Ce qui commence tout juste comme une réponse à un cri d’alarme local en Afrique de l’ouest devient une révolution écologique panafricaine des années plus tard. Et aujourd’hui, les actions parlent d’elles mêmes, du parcours et de la voie que l’organisation continue d’emprunter.

En 24 ans, JVE a transcendé ses origines. De ses premières campagnes au Togo, elle s’est structurée et couvre aujourd’hui 28 pays, dont 20 francophones, avec des antennes autonomes adaptées à des solutions locales. Cette expansion s’est faite à plusieurs niveaux. Tout d’abord, la mission principalement axée au départ sur la sensibilisation des jeunes aux enjeux environnementaux s’est transformée en projets concrets et tangibles. Puis, cette organisation a su créer un modèle décentralisé combiné à des partenariats de haut niveau avec le PNUD, le PNUE, l’UNFCCC… Membre de 60 réseaux régionaux et internationaux (UICN, AFSA, SAED, ABN…), JVE travaille en collaboration avec des partenaires internationaux, notamment Naturvernforbundet, OXFAM, World Wide Fund for Nature et Omprakash.

L’un de leurs plus grands succès est d’avoir formé et accompagné des milliers de jeunes à devenir des leaders écologiques. Beaucoup d’entre eux dirigent aujourd’hui des projets à impact dans leurs communautés ou occupent des postes stratégiques dans des institutions clés de la transition verte en Afrique. Ils ont ensuite intégré de nouvelles approches, comme l’utilisation des technologies numériques pour le suivi des forêts ou le développement de modèles économiques verts qui allient environnement et entrepreneuriat.

Plus que des impacts chiffrés, des projets qui transforment des vies

Aujourd’hui, la mission principale de JVE INTERNATIONAL est de développer le leadership et l’éco-citoyenneté chez les jeunes, en les impliquant activement dans la promotion du développement durable de leurs communautés. Avec des impacts tangibles, cette mission inclut des domaines tels que l’accès à l’énergie durable, l’eau et l’assainissement, la biodiversité culturelle, la conscience écologique, le changement climatique et la gestion des ressources naturelles.

Chaque année, plus de 300 000 arbres sont plantés dans le cadre de ses différents programmes de reforestation et d’agroforesterie communautaire, un effort qui participe directement à la restauration des terres dégradées et à la lutte contre la désertification ( au Togo, où la couverture forestière est passée de 16 % en 1990 à 24 % en 2020 -Banque mondiale). Cette reforestation ciblée ne se limite pas à reverdir les sols ; elle vise à transformer les systèmes alimentaires eux-mêmes. En introduisant des pratiques agroécologiques durables dans les communautés rurales, l’ONG a permis d’augmenter la productivité agricole et de renforcer la résilience face aux effets du changement climatique. Ce travail a facilité l’intégration de plus de 1 500 jeunes et 3 000 femmes dans des chaînes de valeur agricoles locales avec un accès à l’emploi et à l’autonomie.

La transition énergétique est un autre cheval de bataille. Depuis 2015, à travers le programme PACED (Programme d’Accès des Communautés à l’Énergie Durable), plus de 200 000 ménages ont été équipés de lampes solaires, pour éclairer les zones rurales et permettre aux enfants d’étudier le soir, aux petits commerces de fonctionner plus longtemps, et aux familles de vivre sans les dangers de la fumée ou des combustibles fossiles. Le même programme a encouragé l’adoption de foyers améliorés (réduction de la consommation de bois de 40 % par ménage, soit 100 000 tonnes de bois économisées annuellement), plus efficaces et moins polluants, dont la fabrication a mobilisé plus de 1 000 jeunes et groupements de femmes, sensibilisés aux enjeux de la pollution domestique. Résultat : deux villages de la préfecture de Vo sont aujourd’hui considérés comme “sans fumée”, et plusieurs milliers de personnes ont vu leur quotidien s’améliorer à la fois sur le plan de la santé (chute des infections respiratoires), de l’environnement et de l’économie.

L’organisation mise également sur la formation. Plus de 1 000 jeunes sont formés chaque année dans des domaines variés mais complémentaires : agroécologie, énergies renouvelables, gestion des déchets ou encore diplomatie climatique. L’objectif est clair : créer des entrepreneurs du climat, ancrés localement mais capables de répondre aux enjeux mondiaux. Parallèlement, plus de 200 groupements de femmes et coopératives locales ont été accompagnés, pour ainsi consolider l’autonomisation économique dans des zones souvent délaissées. Elle a aussi soutenu des projets tels que l’installation de parcs ostréicoles au Sénégal, afin de renforcer l’autonomie des communautés locales et de promouvoir la gestion durable des ressources marines.

JVE va plus loin en renforçant les dynamiques locales de gouvernance. L’ONG a signé des accords avec dix communes au Togo pour les accompagner dans l’élaboration de leurs plans climat et développement durable. Des comités de gestion communautaire ont également été mis en place afin de garantir, à l’échelle locale, la préservation des ressources naturelles notamment l’eau, les forêts, et les sols et d’assurer une gestion autonome et participative des projets environnementaux.

Le développement durable, chez JVE INTERNATIONAL TOGO, est aussi une affaire de culture. Depuis 18 ans, le Festival Agro-Bio-Cultures organisé par l’organisation valorise les savoirs africains en matière de conservation, à travers des expositions, démonstrations, débats et célébrations. Loin des colloques formels, c’est un espace vivant où se rencontrent écologie, transmission intergénérationnelle et fierté culturelle.

Sans oublier que la jeunesse reste au cœur de sa stratégie d’impact, JVE connecte des milliers de jeunes à travers le continent et au-delà, autour d’une même mission. Grâce à des réseaux comme AYICC (African Youth Initiative on Climate Change) et à l’organisation de plateformes comme TunzAfrika, elle contribue à co-construire un futur résolument durable, africain et ambitieux.

Quand Lomé parle au monde

Tout comme l’organisation ne s’est pas limitée aux villages du Togo, elle a quitté l’arène de l’Afrique pour le monde. JVE INTERNATIONAL siège aux tables de décision mondiales et porte haut la voix de la communauté africaine. Depuis plus de quatorze ans, l’organisation participe sans interruption aux Conférences des Parties (COP) sur le climat, devenant l’une des rares voix africaines aussi constantes que structurées dans ces arènes où se négocie l’avenir du monde. Et cette voix est jeune : cofondatrice du groupe YOUNGO, reconnu comme le réseau officiel des jeunes par la CCNUCC, JVE a contribué à institutionnaliser la participation de la jeunesse dans les processus climatiques mondiaux.

En 2011 déjà, à Durban, elle organisait une session préparatoire à la Conférence Rio+20, mettant sur la table la participation réelle des jeunes dans les politiques climatiques. Douze ans plus tard, au One Forest Summit de Libreville, son programme « Volontaires pour la préservation des forêts » (V-Forêts), développé avec de jeunes leaders africains, était présenté aux chefs d’État comme modèle de volontariat environnemental réplicable. Aujourd’hui, cinq pays africains s’en inspirent.

Sur le continent, JVE continue d’endosser un rôle de passerelle. En soutenant l’intégration de solutions locales dans les Contributions Déterminées au niveau National (CDN) de l’Accord de Paris, elle a travaillé avec quinze gouvernements africains. En 2022, sa « Caravane Justice Environnement et Climat » — une mobilisation panafricaine de plus de 500 organisations de la société civile — a contribué à faire pression sur l’Union africaine pour aboutir à l’engagement de 500 millions de dollars en financements climatiques pour l’Afrique.

ENFIN, la réponse

En quoi votre organisation contribue-t-elle à mettre en lumière les pratiques africaines dans votre domaine ?
Nous avons beaucoup travaillé sur la promotion de l’agroécologie et le partage des connaissances ancestrales pour la protection de l’environnement.

JVE a œuvré pour la transition vers des pratiques agricoles durables en Afrique, en mettant l’accent sur l’agroécologie. Cette approche vise à intégrer les connaissances traditionnelles et les innovations modernes pour améliorer la productivité agricole tout en préservant l’environnement. Par exemple, nous avons développé des modules de formation pour les paysans relais et accompagné la mise en place de fermes-écoles agroécologiques, permettant aux communautés locales d’adopter des pratiques respectueuses de l’environnement et adaptées à leurs contextes spécifiques et locaux.

Pour la transmission des savoirs, nous avons beaucoup promu les rencontres et dialogues intergénérationnels. Consciente de l’importance de la transmission des savoirs entre générations, JVE organise des échanges intergénérationnels sur l’environnement. Ces échanges permettent de partager les connaissances traditionnelles en matière de gestion des ressources naturelles et d’agroécologie, tout en intégrant les perspectives des jeunes. Cette approche favorise une meilleure compréhension des enjeux environnementaux et renforce la cohésion sociale au sein des communautés.

Un avenir ambitieux ET une puissance verte à soutenir

JVE voit grand pour 2035 : doubler son réseau de pays, reverdir l’Afrique par des millions d’arbres et équiper au moins 1 million de foyers en énergie solaire. Elle projette de créer des centres d’innovation continentaux, hubs de recherche et de diffusion d’informations concernant l’Afrique sur l’observatoire. Face à l’accélération du changement climatique avec des sécheresses touchant 40 % des terres africaines (ONU) et à la volatilité de l’engagement jeunesse, JVE ambitionne d’innover ses approches et de renforcer ses programmes éducatifs et de sensibilisation pour promouvoir des pratiques durables au sein des communautés locales, particulièrement pour la souveraineté alimentaire. L’organisation compte aussi participer beaucoup plus aux politiques environnementales en Afrique.

Pour les investisseurs de projets durables, gouvernements et ONG internationales, JVE INTERNATIONAL représente une opportunité : un partenaire fiable, aux résultats mesurables et prêt à amplifier son impact.

Jeunes Volontaire pour l’Environnement est actuellement l’une des plus grandes organisations panafricaines environnementales de jeunesse, avec une influence sur 28 pays africains. Avec son ADN « youthful » et une gouvernance décentralisée, JVE INTERNATIONAL est une machine de transformation durable portée par la jeunesse africaine. Elle prouve que l’Afrique francophone peut produire des organisations mondiales du développement durable. Elle mobilise plus de 50 000 membres à travers le continent, et son positionnement repose sur l’hybridation d’action locale, de plaidoyer international, d’innovation sociale et d’engagement des jeunes.

Nous racontons les réussites collectives de l’Afrique francophone, et dans ce premier numéro du « Visage des Possibilités », nos récits réels montrent le portrait d’une organisation panafricaine verte qui illustre parfaitement cette phrase :
Réconcilier les générations et les écosystèmes pour promouvoir la durabilité en Afrique.

Nous vous invitons à suivre notre interview avec Annette Luttah Aluora, chargé de projets et coordinatrice des représentations nationales de JVE INTERNATIONAL à travers ce lien youtube : https://youtu.be/02snH28H7wk

Ce travail est soutenu par le Kekere Storytellers fund d’Africa No Fliter.

Andréa Magnon

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L'AUTEURE
Andréa MAGNON

Rédactrice web sur les questions climatiques et l’action des jeunes.

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