En 2023, votre rubrique était partie à la découverte de parcours passionnants de ces jeunes qui sculptent l’avenir climatique et la durabilité en Afrique. En cette nouvelle année, nous continuerons d’être le miroir d’une jeunesse africaine compétente, professionnelle, innovante et engagée. Mars chez nous, c’est l’histoire climatique africaine à travers les jeunes francophones qui travaillent bénévolement pour initier et développer des activités face à la crise climatique. Mars chez nous, c’est mettre en lumière l’engagement de la béninoise Geneviève Oumbouke, une jeune voix de l’agroclimatologie.
De l’apprentissage à l’engagement
Depuis le sud-ouest du Bénin à Parakou, Geneviève Oumbouke a toujours été une âme sensible face à tout ce qu’elle comprenait de l’environnement. Avec un parcours secondaire exceptionnel et sa vision de contribuer à un développement équilibré et durable, elle devient, en 2019, étudiante en Géographie et Aménagement du Territoire à l’Université de Parakou (UP). L’étude supérieure fut pour elle, un autre monde de responsabilité : Responsable d’amphithéâtre au niveau de son département et vice-présidente de toute la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines. Première de sa promotion au département de géographie, l’université fut également, pour elle, un milieu favorable pour le début de son activisme avec sa participation aux activités d’échanges et de travail des jeunes sur les changements climatiques. Dans l’objectif de continuer à améliorer ses connaissances sur le changement climatique, elle ose s’intéresser aux rencontres de jeunes et participe au dialogue sur les défis liés au climat et à l’environnement organisé par Educlimate for teen and youth et aux termes duquel, elle est sélectionnée en tant que facilitatrice du prochain dialogue au sud du Bénin à Tori-bossito ; à la Week Eco 2022 (Rencontre des jeunes francophones écolos), ainsi qu’au camp international sur la justice climatique aux côtés de 450 jeunes venant de 100 pays. Elle a aussi contribué à l’organisation de la marche climat lors du camp climat régional (RYCC) à Bonou et au volet formation du projet Jeunes Voix Francophones (JVF) d’Ecolotrip et d’OIF, dans son pays.
Tout un bagage, qui lui a permis de faire partie de ces jeunes femmes qui travaillent actuellement sur la thématique du climat au Bénin. Ambassadrice de Global Landscapes Forum, secrétaire général local du mouvement international Climate Clock et coordonnatrice zone nord au sein de l’ONG ReAgro (Refuge de l’Agronome), Geneviève Oumbouke fait partie de ses jeunes qui expriment à travers leur activisme, leur volonté d’être utile.
Après ces trois ans d’activisme à apprendre, à sensibiliser et à analyser les besoins liés aux dérèglements climatiques, elle décide de s’orienter vers un domaine spécifique. Après un stage au laboratoire de Climatologie et d’Ethnoclimatogie Tropicales, elle se tourne vers l’agroclimatologie ; une passion dans laquelle elle s’implique afin de comprendre à quel point le climat peut influencer les productions agricoles et proposer des solutions novatrices pour contribuer à l’atteinte des ODDs 2 et 13 au Bénin. Un travail qui nécessite recherche, formation et temps en vue d’obtenir des résultats à impacts.
Conservation et restauration des sols
Coordonnatrice zone nord au sein de l’ONG ReAgro avec lequel elle réalise les projets d’actions agricoles durables, l’initiative a démarré dans la commune de Djougou, au sein du village de Kakindoni, avec pour objectif de renforcer les capacités des exploitants agricoles locaux sur la conservation et restauration des sols face aux conditions météorologiques actuelles.
La première phase a été la sensibilisation des agriculteurs à repenser leurs pratiques traditionnelles et à adopter des stratégies plus durables face aux aléas climatiques. La mise en œuvre des idées dans un champ expérimental a constitué la deuxième étape du projet. Ce laboratoire vivant a permis aux bénéficiaires de tester de nouvelles techniques agricoles, telles que l’agroforesterie et la conservation de l’eau, afin de maximiser les rendements tout en préservant les ressources naturelles précieuses.
La phase finale du projet a été consacrée au suivi et à l’évaluation des résultats obtenus. Grâce à des méthodes de collecte de données, Geneviève et son équipe ont pu mesurer l’impact réel de leurs interventions sur le terrain, évaluant à la fois la conformité des agriculteurs aux pratiques recommandées, leur résilience aux problèmes climatiques imprévues et les changements observés dans leurs rendements agricoles.
« LE RENFORCEMENT DE CAPACITÉS SUR LA CONSERVATION ET LA RESTAURATION DES SOLS DANS LA COMMUNE DE DJOUGOU » reste un avant-projet à exécuter dans plusieurs communes sur tout le territoire béninois afin de réduire l’empreinte carbone de l’agriculture, de favoriser la séquestration du carbone dans le sol et la préservation des écosystèmes locaux. Cela permet aux agriculteurs de mieux faire face aux sécheresses, aux inondations et aux autres phénomènes climatiques imprévisibles, réduisant ainsi leur vulnérabilité aux impacts du changement climatique et améliorant la production agricole.
Au-delà des frontières de Djougou, le travail de Geneviève se porte également sur la recherche scientifique. Ses analyses se basent sur comment les principaux paramètres climatiques influencent la production agricole, notamment celle du maïs dans sa commune d’origine d’Aplahoué,.
Elle nous répond
En tant qu’activiste, quelle est votre version de l’histoire climatique
L’Afrique n’est responsable que de 4% des gaz à effet de serre (GES), ça on le sait tous mais cela ne veut pas dire que l’Afrique restera victime de cette situation climatique qui empire à chaque seconde, car les millions de personnes en souffrent, les enfants meurent, les femmes, jeunes et surtout personnes en situation de handicap, en sont très impactés. L’Afrique a besoin du financement climatique d’un part et de l’autre côté, elle utilisera ses ressources naturelles pour une transition juste et écologique dans le domaine de l’énergie, du transport, de l’éducation, de la santé, de la technologie, de la construction et de l’agriculture. Ce qui est d’ailleurs en train d’être réalisé à petit moyen avec le plan national de développement de plusieurs gouvernements africains. Les mouvements des jeunes africains vont aussi comprendre que la sensibilisation et la prise de conscience est élevée. Parlons des règlements de dettes climatiques qui sont mis en avant dans les principes de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, parlons de l’utilisation des ressources de l’Afrique par l’Afrique pour un développement durable et nous parlerons bientôt d’une Afrique encore plus durable avec une histoire climatique transformatrice pour le monde entier.
Pourquoi lier le climat à l’agriculture ?
L’agriculture et la sécurité alimentaire sur le plan mondial sont confrontées à des enjeux dont l’importance va de façon croissante avec l’évolution démographique et les répercussions des extrêmes climatiques. Ensuite, d’après la FAO (2018), la fluctuation des paramètres climatiques figure parmi les principaux facteurs qui sont à l’origine de la récente intensification de la faim dans le monde. Elle est l’une des principales causes des graves alimentaires. L’Afrique est le continent le plus vulnérable à la péjoration climatique, car plus 60% des producteurs pratiquent une agriculture pluviale. L’agriculture africaine dépend beaucoup du climat. Au Bénin, l’agriculture et particulièrement les calendriers agricoles sont très dépendants de la répartition spatio-temporelle des précipitations et des incertitudes du climat. Également, la variation des précipitations et la décroissance du nombre de jours de pluie, impactent beaucoup l’agriculture béninoise. Pourtant, l’agriculture constitue l’un des secteurs les plus importants de l’économie, en impliquant près de 70% de la population active avec une contribution de 36% au PIB et 15% des recettes de L’État.
Geneviève Oumbouke
Une personne qui vous influence dans ce choix de parcours de jeunes engagés pour le climat
Credo Gansou, consultant en changement climatique et chargé de projet à UNICEF Bénin. Je trouve en lui, un exemple, car c’est un formateur hors pair sur les questions de développement durable qui travaille sur des initiatives prenant en compte la voix de la jeunesse béninoise.
Aux lecteurs !
Un monde un peu meilleur peut être le résultat de nos actions et de la réduction des inégalités dû aux changements climatiques. Aussi minime qu’elle soit, si vous comprenez, connaissez et choisissez votre part de responsabilité dans cette guerre d’émission de gaz à effet de serre, jouez-la, si bien qu’on dise sur terre, vécu un humain qui savait penser à la génération actuelle et future.
Geneviève Oumbouke en continuant par vulgariser le projet de formation de la prochaine génération d’agriculteurs aux pratiques durables et en encourageant l’adoption de cultures résilientes au climat, contribue à l’histoire d’une Afrique résiliente, où les agriculteurs sont armés de connaissances et de compétences pour faire face aux défis climatiques.
Comme affirmé au début, une partie de l’histoire climatique africaine, reste, ces jeunes francophones que nous vous présentons, qui travaillent bénévolement pour initier et développer des activités face à la crise climatique.
Andréa Magnon
Cet article a été rédigé dans le cadre du programme Climate Hub financé par Africa No Fliter et MasterCard.
Une réponse
Les changements climatiques peuvent influer de diverses manières sur l’agriculture. Au-delà de certains seuils de température, les rendements agricoles peuvent diminuer, car l’accélération du processus de croissance s’accompagne d’une moindre production de grains.